Chaos debout

Dans la conclusion de L’embrasement j’écrivais au mois de janvier dernier qu’après la première phase de « modelage », euphémisme, de la zone de combat par une campagne de frappes, la phase de conquête du territoire de Gaza se poursuivrait probablement jusqu’à la fin du mois de mars 2024 pour faire place ensuite à une longue phase de contrôle dans un nouveau cadre politique. Malgré les apparences, je croyais encore qu’il y avait un début de stratégie du côté israélien. En fait, on n’est jamais sorti du modèle de la « corbeille à papier » de James March : un ensemble de réactions jetées les unes sur les autres au hasard des circonstances comme des boulettes de papier dans une corbeille.

L’esprit humain cherchant toujours une cohérence dans les choses, on peut rétrospectivement considérer que toutes ces décisions empilées formaient un plan réfléchi. En réalité, le cabinet de guerre israélien a bien du mal visiblement à établir une ligne claire entre des impératifs et des contraintes souvent contradictoires : démanteler le Hamas mais tout en libérant les otages sans trop concéder de contreparties, préserver ses troupes mais aussi la population gazaouie tout en ne sachant pas trop quoi faire d’elle, contrôler la Cisjordanie sans susciter de révolte générale, écarter la menace du Hezbollah et de l’Iran tout en leur faisant très mal, restaurer la sacro-sainte capacité de situation tout en évitant l’embrasement général.

Tout au plus peut-on considérer une dominante maximaliste à l’image de celle du gouvernement Olmert voulant profiter de l’occasion de l’attaque du 12 juillet 2006 du Hezbollah à la frontière nord pour chasser le Hezbollah du Sud-Liban, mais en plus de l’opération déjà en cours contre le Hamas et tout en cherchant à imposer au gouvernement libanais de désarmer le parti de Dieu. Certains voulaient même à l’époque s’en prendre aussi à la Syrie, voire l’Iran. On connaît le résultat de cette politique brouillonne et déconnectée de ce qu’il était réellement possible de faire. Tsahal ravage le Liban mais échoue à imposer un comportement à un gouvernement libanais impuissant. L’armée israélienne échoue surtout à vaincre le Hezbollah et se trouve en crise tandis que le Hamas a les mains libres pour prendre le contrôle de Gaza. A la fin de la séquence de 2006, la position d’Israël se trouve affaiblie au lieu d’être renforcée.

Les enjeux de la guerre en cours contre le Hamas sont bien plus importants que ceux de la guerre contre le Hezbollah en 2006, ne serait que parce l’attaque du 7 octobre 2023 à été au moins cent fois plus violente que celle du 12 juillet 2006 et avec cent fois plus d’otages. Il fallait au moins donner une réponse à la hauteur du choc. On s’est donc surtout contenté côté israélien d’essayer de donner une réponse cent fois plus forte qu’en 2006. Dans ce cadre, l’objectif stratégique affiché initialement de destruction du Hamas était évidemment irréaliste mais que dire d’autre à ce moment-là ? Après l’attaque du 13 novembre 2015 à Paris-Saint Denis François Hollande avait dit aussi qu’il mettrait tout en œuvre pour « détruire l’armée des terroristes » qui avait commis cette attaque. Outre qu’il n’a pas réellement mis tout en œuvre, l’Etat islamique est toujours là, même affaibli pour la deuxième fois après son étouffement de 2008. L’étouffement d’une organisation armée, c’est-à-dire son retour à une clandestinité difficile, est la seule chose qu’une armée peut proposer au politique. Pour le reste, c’est à ce dernier de donner les clés pour la suite. Cet étouffement est cependant impossible à atteindre par le seul moyen d’une campagne aérienne et exige, comme justement les deux cas de l’Etat islamique en 2006-2008 et 2014-2017, la conquête puis le contrôle du terrain tenu par l’ennemi.

Cette opération de conquête finalement ordonnée pour la fin du mois d’octobre a été d’emblée plus gâchée qu’aidée par une campagne de frappes dévastatrice de l’artillerie et surtout des forces aériennes. Certes le Hamas et les autres groupes armés ont subi des pertes sous cette pluie de projectiles, mais comme l’admettait le porte-parole de Tsahal au moins de décembre, deux fois moins que la population civile. Or, quand on tue bien plus de civils que de soldats ennemis dans un contexte médiatisé, ce que l’on gagne éventuellement militairement est irrémédiablement perdu sur le plan politique. En l’espace de quelques semaines, Israël s’est créé plusieurs problèmes humanitaires à résoudre, depuis l’alimentation immédiate ou les soins jusqu’à leur habitat futur. Il a par ailleurs dilapidé le soutien massif il bénéficiait après l’attaque du 7 octobre, et ce jusqu’aux Etats-Unis, le seul acteur à pouvoir influer vraiment sur sa politique. Les dégâts humains, entre 10 et 17 000 morts civils par les seules frappes aériennes en six mois (pour les whataboutistes bien au-delà de tout ce qu’à pu faire la coalition anti-Daesh en quatre ans), matériels et politiques sont très profonds. Tout cela pour tuer quelques centaines de combattants ennemis et donc sauver aussi peut-être une dizaine de soldats israéliens qui auraient été en face d’eux par la suite. Gageons qu’à long terme, les nombreux vengeurs sécrétés dans les familles meurtries ne rejoindront peut-être pas tous un Hamas impopulaire à Gaza mais tueront quand même bien plus d’Israéliens que cette dizaine sauvée.

La seule chose cohérente – l’opération de conquête – n’est donc lancée que le 27 octobre 2023. Au lieu d’un engagement total, Tsahal opte alors pour une série d’attaques successives autour puis dans les grands centres urbains : Gaza-ville, plus Khan Yunes puis Rafah. C’est plus long, un paramètre à prendre à compte quand on s’appuie sur une mobilisation forcément éphémère des réservistes, mais cela permet de mieux (ou moins mal) gérer le problème de la présence de la population en la forçant à évacuer les zones attaquées et d’avoir localement un meilleur rapport de forces. Cette opération de conquête commence de manière conforme à ce qu’on pouvait en attendre, y compris avec la part incompressible de bavures lorsqu’on lance des dizaines de milliers de soldats très jeunes (20 ans pour une brigade d’active, cadres compris) dans une zone de combat très complexe et stressante où la majorité des êtres vivants sont des civils. Ces soldats israéliens tombent aussi, mais grâce à la puissance de feu, le blindage de feu des phalanges de fer de Tsahal et la capacité de secours rapide aux blessés, il faut alors huit heures aux 40 000 combattants du Hamas et des autres groupes armés de Gaza pour tuer un seul d’entre eux.

La 36e division conquiert à peu près la zone de Gaza-ville dans le mois de novembre. La 98e division attaque ensuite celle de Khan Yunes durant le moins de décembre. Au changement d’année, tout en s’efforçant de contrôler le nord, la 36e division attaque à nouveau mais cette fois au centre. L’armée israélienne progresse encore un peu au moins de janvier et puis les combats diminuent en intensité. Tsahal perd 70 soldats tués à Gaza jusqu’à la trêve du 22 novembre, 102 en décembre et encore 53 en janvier 2024, signe déjà d’un infléchissement. Les pertes diminuent ensuite très fortement avec 17 morts en février et 15 en mars. Cette diminution s’explique par l’affaiblissement parallèle et beaucoup plus importante du Hamas et ses alliés, qui ont peut-être perdu définitivement – morts, blessés graves et prisonniers – 20-25 000 hommes sur 40 000, mais aussi par la moindre prise de risques de Tsahal. L’utilisation massive de la puissance de feu pour reprendre le contrôle de l’hôpital al-Shifa plutôt que de pénétrer à l’intérieur et la concentration croissante des pertes sur les unités de forces spéciales et de la 89e brigade commando sont des indices supplémentaires de la réticence nouvelle à engager les brigades régulières.

C’est très étonnant. Malgré les annonces sur l’opération suivante à Rafah, tout se passe en fait comme si le gouvernement israélien avait renoncé à conquérir définitivement Gaza depuis la fin du mois de janvier et était déjà passé à la phase de contrôle dans la partie nord du territoire. La conquête de Rafah posait de toute façon d’énormes problèmes humanitaires et politiques avec la présence forte de la population réfugiée à la frontière égyptienne, des problèmes totalement anticipables par ailleurs. La frappe meurtrière sur un convoi de l’ONG américaine World Central Kitchen le 1er avril constitue une bavure forte qui oblige Joe Biden a sortir un peu de sa paralysie électorale pour commencer à exercer une pression à « l’arrêt des conneries » sur Netanyahu, ainsi que l’opinion publique israélienne qui montre à nouveau son mécontentement. La décision annoncée aujourd’hui de retirer la 98e division de la zone sud à l’exception de la brigade Nahal sur le corridor de Netzarim, ou route militaire 749, au centre du territoire, mais aussi les avancées dans l’idée d’une trêve de longue durée vont dans cette hypothèse d’un renoncement à tout conquérir pour se concentrer simplement sur la gestion de la partie Nord.

Peut-être faut-il considérer que Tsahal est réellement usée par les combats. Les forces israéliennes ont perdu à Gaza au total plus de 2 400 tués et blessés, dont 630 blessés par accidents. Avec les pertes du 7 octobre et des autres fronts, on atteint déjà des niveaux de pertes comparables à la guerre des six jours en 1968 alors qu’Israël affrontaient trois armées régulières arabes, à celles de la guerre d’Usure avec l’Egypte en 1969-1970 ou celles de l’opération Paix en Galilée au Liban en 1982 contre l’armée syrienne, l’OLP et d’autres organisations. Certaines brigades comme la 84e Givati (40 morts) ou la 7e Blindée (14 morts) combattent à Gaza depuis fin octobre. C’est beaucoup. Par ailleurs, les réservistes ne peuvent pas être maintenus sur le pied de guerre trop longtemps sous peine de paralyser l’économie du pays et ils commencent très progressivement à être démobilisés.  Autrement dit, Tsahal n’aurait plus le souffle pour entamer la conquête du sud et préférerait se concentrer sur le contrôle du territoire nord, qui visiblement présente des trous, et se contenter de raids et de frappes sur le sud en attendant de reconstituer ses forces. 

Savoir où s’arrête ce qui suffit est toujours un exercice difficile en temps de guerre. Peut-être que dans le même temps le gouvernement estime que même si l’objectif d’étouffement de l’organisation et d’élimination de ses deux principaux leaders, les pertes infligées au Hamas et alliés sont une vengeance à la hauteur du choc du 7 octobre et qu’il doit désormais se concentrer sur la libération des 133 otages restants, dont on ignore combien sont encore vivants. 

Mais peut-être aussi que ce même gouvernement Netanyahu est en fait beaucoup moins sage que ça et qu’il envisage très sérieusement de lancer une guerre contre le Hezbollah et l’Iran, ce qui serait pure folie. Très clairement ces deux acteurs ne voulaient pas de cette guerre, mais la récente attaque israélienne sur le consulat iranien de Damas (coup d’opportunité et/ou provocation ?) oblige à une riposte forte. Celle-ci sera servira sans doute à sauver la face sans trop escalader, notamment par une attaque sur des ressortissants israéliens hors d’Israël. Mais on ne peut pas exclure une riposte directe par une attaque massive de roquettes du Hezbollah, ce qui entrainerait immédiatement au moins cette campagne aérienne au moins au Liban et peut-être jusqu’en Iran que certains souhaitent tant en Israël.

Beaucoup de peut-être donc. Comme un Hercule se débattant dans une tunique de Nessus, la politique israélienne crée pour l’instant plus d’entropie qu’elle ne simplifie la situation à son profit. Il est inutile à ce stade de penser à une paix définitive quelconque, pensons simplement à limiter l’extension du domaine de la catastrophe.

26 réflexions sur “Chaos debout

  1. Isaty dit :

    Un avis ukrainien sur la nuit passée :

    compte X Geraschenko –

    Les frappes iraniennes d’hier soir contre Israël, ainsi que l’attaque du Hamas contre Israël en octobre dernier et la guerre qui a éclaté dans la région, sont toutes des conséquences de l’absence de réaction des États-Unis et du monde occidental à l’invasion de l’Ukraine par Poutine en 2014, puis , certains hommes politiques ont adopté une position passive en soutenant l’Ukraine après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par Poutine en 2022.

    Churchill aurait dit à propos des hommes politiques qui tentaient de négocier avec Hitler : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. »

    Frappes iraniennes contre Israël : résumé à ce jour :

    L’Iran a tiré 185 drones, 36 missiles de croisière et 110 missiles sol-sol lors d’une attaque nocturne en réponse à une frappe israélienne contre le consulat iranien en Syrie.

    L’attaque a duré plus de cinq heures, couvrant les bases militaires israéliennes et les installations gouvernementales. L’armée israélienne et le président américain ont indiqué que la plupart des missiles avaient été interceptés. Trente et une personnes ont été blessées.

    Les États-Unis « ont aidé Israël à détruire presque tous les drones et missiles » en provenance d’Iran, a déclaré le président Biden. Il a également annoncé une réunion urgente des dirigeants du G7 – « pour coordonner une réponse diplomatique unie à l’attaque éhontée de l’Iran ».

    Israël a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de la situation.

    L’Iran a publié une déclaration indiquant qu’il ne lancerait pas de nouvelles frappes, mais a mis en garde Israël contre des représailles et les États-Unis contre toute intervention.

    Les autorités israéliennes ont levé certaines des restrictions imposées après l’attaque iranienne.

    Une base militaire a subi des dégâts après une attaque nocturne contre Israël, a déclaré Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal.

    La base militaire israélienne continue de recevoir et d’envoyer des avions. L’Iran n’a pas réussi à paralyser son fonctionnement

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    1. Isaty dit :

      Il ajoute aussi que la combinaison utilisée dans cette attaque est similaire à celle qu’emploient les russes (similaires aux frappes combinées de missiles balistiques et de croisière contre l’Ukraine)… et que l’Iran a également tiré les leçons des attaques des Houthis contre les transports maritimes internationaux autour du Yémen.

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  2. Israel et l’Iran après des mois de povocation par proxie interposé en térritoir intermédiaire on finit par venir à une confrontation direct, avec les USA cela ce serai sans doute arréter là, une pluie de missile/drones contre une attaques d’un consulat et la mort d’un général, sans doute cela aurait suffit à dire, « on est quit », mais avec un gouvernement Israéelien qui s’enfonce encore et toujours plus dans une réponse militaire surdimensionné comme seul réponse à la moindre menace, peut-on réélement croire à une desescalade? Salutation, Ludovic Melin.

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    1. pefleretour dit :

      Tout à fait d’accord. Le précédent avec le général suleimani, dont la mort a été vengée par quelques missiles est parlant.
      Israel a une chance inouïe de lancer la paix.

      Tout le monde sait qu’Israel est plus fort que l’iran. Une des preuves, sur 300 drones, 3 seulement passent.

      C’est donc le moment idéal pour amorcer une vraie belle désescalade, du genre « nous ne répliquerons pas parce que nous voulons la paix blablabla.

      Mais je crains que bibi n’ait sa place qu’en prison et en enfer, et que la réponse sera pas celle de la paix.

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    2. C’est quoi une réponse surdimensionnée à une théocratie qui opprime sa population, menace le monde entier d’attentats, finance le terrorisme et aura bientôt des armes nucléaires ? S’écraser devant l’Iran c’est comme laisser Poutine s’approprier l’Ukraine.

      Et ça n’a rien à voir avec ce chancre de Netanyaou qui devrait être en prison. Mais s’il supporte une riposte contre l’Iran, j’applaudirai des deux mains comme toute la diaspora iranienne.

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      1. «  » S’écraser devant l’Iran c’est comme laisser Poutine s’approprier l’Ukraine. «  »

        Mauvaise comparaison : l’Iran n’occupe pas une région hors de son territoire et n’a rien annexé. Si demain l’armée russe se replie sur le territoire russe, la guerre s’arrête. Et vous savez aussi bien que moi que ce n’est pas le fait que le régime iranien opprime sa population (même à niveau abominable) qui lui est reproché par Israël ou les USA, mais le fait qu’il soit opposé à Israël ou aux USA.

        «  » Mais s’il supporte une riposte contre l’Iran, j’applaudirai des deux mains comme toute la diaspora iranienne. «  »

        Si l’objectif est de provoquer un changement de régime « par l’extérieur », c’est extrêmement risqué (genre Irak ou Afghanistan en 10 x plus gros). Si c’est juste de tuer quelques iraniens de plus, c’est absolument inutile et même nuisible. Je ne sais pas si « toute la diaspora iranienne » applaudira des deux mains, je pense qu’une partie au moins n’est pas assez bête pour ça.

        En tout cas, il y aura une organisation qui se joindra à vous pour « applaudir des deux mains », et même des trois : l’état islamique.

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  3. hwk1915 dit :

    Et bien tout cela ne me fait ni chaud ni froid.Honnêtement les conneries Israéliennes le massacre de milliers de civiles, pardon de dizaines de milliers de femmes et d’enfants au non de la vengeance ne m’intéresse plus…

    Il fut un temps ou je pouvais compatir mais là je suis fatigué de ce conflit de la politique d’Apparteid mené froidement de la colonisation forcée de l’expulsion de civiles au nom d’une religion armée par un État qui se dit démocratique alors qu’il héberge les pire.

    Ils peuvent tous crever je m’en fout, ils peuvent n’avoir aucun plan je m’en fout.

    De toute façon la réaction d’Israël à la journée tragique du 7 octobre est un non sens…

    Si vous voulez des coupables cherchez chez ceux qui n’ont pas voulu entendre…

    Massacrez en paix, tuez des femmes des enfants et autant de terroristes que vous voulez… ça ne sert à rien.

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    1. «  » Si vous voulez des coupables cherchez chez ceux qui n’ont pas voulu entendre…  » »

      Quand un crime est commis, on peut (peut-être) dire que ceux qui n’ont « pas voulu entendre » ont une forme de responsabilité (au moins vis-à-vis d’eux-même). Mais ce sont ceux qui commettent le crime (et qui en donnent l’ordre, et qui en donnent les moyens en connaissance de cause, etc.) qui en sont coupables. Diluer la culpabilité, c’est exonérer les criminels et c’est exactement ce qu’ils souhaitent.

      J’ai l’impression que votre réaction fait passer du dégoût et de l’impuissance à l’indifférence. C’est tout à fait compréhensible, mais qu’est-ce que l’indifférence sinon « ne pas vouloir entendre » ?

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        1. Là où le hamas a débarqué en Israël, il a liquidé plus de 30% de la population en moins de 48 heures. Voilà du beau génocide comme on les aime chez Pol Pot et Suharto.

          Sur la bande de Gaza, en six mois de guerre, les israéliens ont tué moins de 2% de la population. Ils n’ont même pas effacé l’augmentation démographique de l’année 2023. Même en génocide, ils sont petit bras.

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  4. MadMax2048 dit :

    Ca me paraît pourtant clair ce que fait Netanyahou: profiter au maximum de la situation issue de l’attentat du Hamas pour détruire au maximum Gaza pour ensuite pouvoir la grignoter avec des colonies de la même manière que Jérusalem et la Cisjordanie. Les Israéliens ne sont pas bêtes. S’ils détruisent tout ce n’est pas parce qu’ils ne savent pas faire la guerre, c’est que leur véritable objectif n’est pas d’anéantir le Hamas.

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    1. c’est possibilité, mais loin d’être la seule. Tout le passe de M.Netanyahu le montre plutôt en politicien retors s’alliant au gré des possibilités pour rester en charge. Par ailleurs le Hamas ayant transformé le sous-sol de Gaza en gruyère de galeries au dessus desquelles étaient des civils qui ne l’approuvaient pas forcément était un redoutable piège. Autre élément de l’equation la grande sensibilité des Israeliens à leurs pertes (un peu plus qu’ en général les armées « occidentales » qui déjà font gaffe…) et enfin le faible nombre d’israéliens qui semble, en temps « ordinaire » se préoccuper de ce qui se passe de l’autre côté des murs, même quand ils sont à peu de km…mais qui peuvent se mobiliser quand leurs Haredim commencent à dépasser le niveau supportable dans leurs prétentions (affaire de place dans un bus ressemblant à celle de Rosa Parks il y a quelques temps…)

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  5. Isaty dit :

    Il est tellement difficile de trouver un but dans tout ce chaos… c’était déjà compliqué avant, mais là !

    => ça me fait penser quand on met le pied sur une fourmilière : il y a plein de cadavres de fourmis, mais le problème est toujours là et non réglé, que ce soit de voisinage pour le jardinier ou vital pour la fourmilière. Désolée pour l’image, mais c’est ce que ça m’évoque pour réussir à décrire le sentiment que j’en ai.

    Ces frappes d’Israël ne changent rien : pour répondre aux morts du 7 octobre et aux otages, ces frappes résonnent mille fois plus fort aux oreilles, mais ne semblent pas être entendues, ni vues, de l’autre bord, sinon en créant des montagnes de cadavres.

    Encore une fois, on ne peut enlever du sang avec du sang. Pour ça, il faut de l’eau froide. Rien ne changera si on regarde toujours la situation de la même manière, que ce soit pour un jardinier et des fourmis ou si dans une situation donnée, après des mois, rien ne permet de trouver de solutions. C’est qu’on ne regarde pas avec les bonnes lunettes.

    PS : Avant-dernier paragraphe « Celle-ci sera servira sans doute à sauver la face sans trop escalader [..] », je suppose que « sera » est en trop.

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    1. jeanc4e45d93bac dit :

      Pour précis er la citation

      « Non ! plus de supplice ! nous, hommes de ce grand siècle, nous n’en voulons plus. Nous n’en voulons pas plus pour le coupable que pour le non-coupable. Je le répète, le crime se rachète par le remords et non par un coup de hache ou un nœud coulant ; le sang se lave avec les larmes et non avec le sang. Non ! ne donnons plus de besogne au bourreau. « 

      Victor Hugo, 1854, Guernesey (à propos d’un meurtrier dans l’île)

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      1. Isaty dit :

        Oh je ne pensais pas à la moindre citation mais à une réalité ménagère : le sang ne s’enlève qu’avec de l’eau froide, et ensuite, seulement on peut utiliser de la lessive. D’où ce vieux principe de lessive sans doute (je croyais à un proverbe à vrai dire), qu’a utilisé Victor Hugo.

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  6. captainluck dit :

    Les chefs d’Etat d’Egypte, France et Jordanie ont appelé hier au cessez-le-feu à Gaza :

    Extrait :

    …  » Le 25 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies a finalement assumé ses responsabilités en exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Il s’agissait d’une étape cruciale, qui doit être mise en œuvre sans plus attendre.

    Face au nombre intolérable de victimes, nous, chefs d’Etat de l’Egypte, de la France et de la Jordanie, demandons une mise en œuvre immédiate et inconditionnelle de la résolution 2728 du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous soulignons la nécessité urgente d’instaurer à Gaza un cessez-le-feu permanent.

    Nous insistons sur l’urgente nécessité de mettre en œuvre l’appel du Conseil de sécurité pour la libération immédiate de tous les otages et réaffirmons notre soutien aux négociations menées avec la médiation de l’Egypte, des Etats-Unis d’Amérique et du Qatar portant sur le cessez-le-feu, les otages et les prisonniers « …

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  7. « L’étouffement d’une organisation armée, c’est-à-dire son retour à une clandestinité difficile, est la seule chose qu’une armée peut proposer au politique. »

    Une laisson toujours apprise par aucune des grandes puissances depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. J’ai l’impression que la seule exception est la Grande Bretagne lors de la décolonisation de la Malaisie.

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    1. Oui, c’est totalement idiot et contre productif. Les campagnes aériennes massives, c’est bien pour détruire les défenses AA mais dans le cas d’une guerre asymétrique, notamment avec une telle densité de civils au m², ça ne sert vraiment à rien. Ils auront peut être « économisé » qq la vie de qq soldats pour des milliers de morts civils. Pour in finé, sur le long terme, créer des milliers de futurs membres du hamas.

      Bref, les Israéliens se comportent là bas un peu comme des russes en UKR.

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  8. captainluck dit :

    A suivre l’affaire depuis le début, j’ai l’impression que Nétanyahou a besoin de cette guerre hybride israélo-arabe pour continuer sa carrière politique : au sud, au nord, à l’est.

    L’objectif sous-jacent de conquête des zones palestiniennes par l’exode des « colons arabes » semble toujours d’actualité dans le milieu ultra où raisonne maintenant le premier ministre. Mais la vitesse d’exécution n’y est pas, et le parrain américain est dégoûté des massacres que ses alliés arabes lui reprochent.

    S’y ajoute la mise en tension de la diaspora menacée par un antisémitisme redevenu facile.

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    1. «  » j’ai l’impression que Nétanyahou a besoin de cette guerre hybride israélo-arabe pour continuer sa carrière politique «  »

      Il est assez évident que Netanyahou se devait de réagir s’il souhaitait continuer à être premier ministre (même si le terme « continuer sa carrière politique » peut se discuter : il ne faut pas oublier que BN est plus âgé que Poutine et était déjà premier ministre il y a 28 ans… BN sait probablement qu’il n’ira pas beaucoup plus loin, mais il espère terminer le mieux possible pour lui). Je ne suis pas certain qu’il ait engagé la guerre avec un plan bien précis, plutôt en se gardant le maximum d’options ouvertes :

      • éventuellement réoccupation/recolonisation d’une partie de Gaza
      • et/ou expulsion d’une partie/de la totalité des gazaouis vers l’Egypte
      • et/ou mise en place d’une zone de no man’s land sur la frontière
      • et bien sûr, élimination massive de toute personne associée de près ou de loin au Hamas (pour les cibles « mineures », on vise directement leur lieu de résidence par une charge forte et non ciblée « parce que c’est là où ils ont le plus de chances d’être » (cf article du Guardian)… ça laisse songeur sur l’argument du « bouclier humain »)

      On essaie un peu de tout, on garde toutes les options ouvertes au maximum (les 2 premières semblent encore lointaines mais une partie du gouvernement israélien y croit encore, la troisième est bien engagée, la 4ème est une tâche de fond), et on voit ce qui peut (militairement mais surtout diplomatiquement) passer. L’essentiel, pendant ce temps, est de taper dur pour satisfaire la majorité ET l’opinion (Netanyahou n’est pas populaire mais sa conduite de la guerre l’est largement). Et tant que l’opinion suit, il n’y a aucune raison que sa majorité le lâche (déjà que ce ne serait pas certain si l’opinion ne suivait pas… pour provoquer une élection, il faut trouver un parti de l’actuelle majorité qui aurait plus à gagner qu’à perdre à provoquer la chute du gouvernement, ce n’est pas si simple).

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  9. Merci pour votre analyse de situation objective. En partant du principe que les acteurs en conflit anticipent les effets de leurs actions, trois petites suggestions transversales au conflit pourraient apparaître (peut-être).

    1/ En Israël, les conséquences à T+2 de la strategie (?) de BN peuvent accélérer la colère citoyenne en interne. Des personnages politiques comme Lapid ou Gantz auraient alors des leviers possibles pour modifier la suite des évènements (arrêt des frappes massives sur Gaza, autorisation des acheminements humanitaires, élections anticipées).

    2/ En 2006, le Hezbollah opérait dans un Liban ouvert aux investissements extérieurs avant conflit. De nombreux mécénats et prises de parts par des affairistes du MO montraient de grands immeubles neufs à Beyrouth. En 2024, la crise monétaire, inflationniste, énergétique et l’exode de certains ne présentent pas de contexte favorisant un Hesbollah trop offensif. Qu’est ce qu’ils gagnent chez eux ensuite ? Ils le savent déjà depuis le 7 octobre… Le Hesbollah voudrait attaquer, mais pas comme tête de pont. Avis personnel refutable.

    3/ Le monde sait que BN a plus de facilités avec D.Trump que J.Biden. Sa stratégie (?) peut-elle durer jusqu’à fin 2024, au moment des élections US ? Alors qu’on devine sa volonté « d’étouffer » la bande de Gazah dans son ensemble (pas le Hamas), les 6 prochains mois sont très longs et la Maison Blanche actuelle va tiquer de plus en plus.

    Ces trois points subjectifs et discutables vont plus dans le sens d’un changement politique interne Israélien en 2024, que dans une offensive claire et nette de pouvoirs islamistes. Le Hesbollah condamnerait le retour économique possible du Liban pour longtemps. L’Iran assumerait d’entrer en guerre symétrique totale contre les USA (pas pro BN mais pro Israël).

    Simples hypothèses liées à votre diagnostic factuel. Aucune certitude.

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