Déroute à Beyrouth

Publié le 23 octobre 2013

L’opération Diodon a coûté la vie à 89 soldats français en dix-mois de septembre 1982 à mars 1984 pour un bilan humiliant. C’est la plus grande défaite militaire de la France depuis la fin de la guerre d’Algérie.

Une micro-guerre mondiale

Lorsque les Occidentaux interviennent à Beyrouth en 1982, la guerre civile libanaise dure déjà depuis sept ans. Ce conflit est d’abord un affrontement entre le Front libanais chrétien et la coalition islamo-progressiste, alliée aux Palestiniens dont l’archipel des camps constitue un proto-Etat autonome. Les combats sont particulièrement violents dans la capitale, coupée en deux entre l’ouest musulman et l’est chrétien par une « ligne verte ». La guerre prend vite une dimension régionale avec l’alliance des chrétiens maronites et de la Syrie qui intervient militairement en 1976 et occupe Beyrouth. Conformément aux accords de Riyad (novembre 1976) l’armée syrienne est inclue dans la Force arabe de dissuasion (FAD) reconnue par tous les belligérants.

Les combats s’arrêtent jusqu’à ce que le parti Kataëb de Bachir Gémayel s’impose par la force aux autres mouvements chrétiens et se retourne contre les Syriens vus désormais comme des occupants. Les combats reprennent en février 1978. En mars, l’armée israélienne lance une opération limitée jusqu’au fleuve Litani pour détruire les organisations palestiniennes qui se servent du territoire du Sud-Liban comme base d’opérations. La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) est mise en place. Elle n’empêche en rien les Israéliens de revenir une nouvelle fois en juin 1982 avec des moyens et des ambitions beaucoup plus importants. En une semaine, l’armée israélienne repousse l’armée syrienne dans la plaine de la Békaa et assiège les combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) réfugiés dans Beyrouth Ouest. Il y a alors 150 000 combattants de dix-huit nationalités (dont les 8 000 Casques bleus de la FINUL) sur un territoire grand comme le département de la Gironde. Bachir Gémayel devient Président de la république du Liban porteur de l’espoir de règlement des conflits entremêlés.

La force multinationale d’interposition

Le 12 août, après deux mois de siège et alors que la tension est à son comble au Proche Orient, les Etats-Unis imposent l’idée d’un cessez-le-feu et l’envoi à Beyrouth d’une force multinationale d’interposition (FMI) afin de protéger le départ simultanée de l’OLP et de l’armée israélienne. La France et l’Italie acceptent d’y participer. La mission de cette FMI, limitée à un mois et à un volume de 2 000 hommes, est triple : assurer la sécurité physique des combattants palestiniens en instance de départ de Beyrouth, assurer la sécurité physique des autres habitants de la région de Beyrouth et y favoriser la restauration de la souveraineté du gouvernement libanais. La FMI est une force d’interposition, finalement guère différente dans son esprit de la FINUL, à ce détail près que les contingents restent sous commandement national.

L’aéroport étant aux mains des Israéliens, c’est par le port que la FMI pénètre dans Beyrouth. Pour les Français, c’est l’opération Olifant qui mobilise une partie importante des moyens de la Marine nationale depuis Toulon et le port chypriote de Larnaka. Les légionnaires du 2e Régiment étranger de parachutistes (REP) sont les premiers à débarquer, le 21 août, pour sécuriser le port jusqu’à la relève par les Américains, le 25. Le 26, le reliquat des forces françaises et le contingent italien viennent compléter le dispositif. Avec 850 hommes, les légionnaires et marsouins de l’opération Epaulard constituent le contingent le plus important.

Le départ des combattants palestinien par mer s’achève sans incident le 31 août avec l’évacuation de Yasser Arafat. Le détachement français est alors sur la ligne verte pour escorter les convois évacuant les Palestiniens et certains éléments syriens en direction de la Syrie. Au 1er septembre, 11 000 membres de l’OLP ont été évacués dans le monde arabe. La FMI, et le 3e Régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa) en premier lieu, aide alors la petite armée libanaise à reprendre le contrôle de Beyrouth Ouest. Grâce au petit détachement du 17e Régiment de génie parachutiste (RGP) les rues sont dépolluées tandis que la population revient dans les quartiers placés sous la protection des Français.

La mission est cependant interrompue plus tôt que prévu par la décision unilatérale des Américains qui décident de mettre fin à leur participation le 10 septembre, suivis deux jours plus tard par les Italiens. La France, accusée par ailleurs d’être trop favorable aux Palestiniens, peut difficilement poursuivre seule. L’opération Epaulard prend fin le 13 septembre. Au prix de trois marsouins blessés, elle est considérée comme un succès.

La mise en place d’un colosse aux pieds d’argile

Le lendemain même du départ des derniers français, Bachir Gémayel est assassiné. L’armée israélienne en repli revient immédiatement dans Beyrouth et cerne les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila où on soupçonne la présence résiduelle de combattants de l’OLP. Le 16 septembre, des phalangistes chrétiens, partisans de Gémayel, pénètrent dans les camps et se livrent pendant deux jours au massacre de civils (le nombre des victimes varie entre 700 et 3 500). L’émotion est immense dans le monde entier.

Le 19 septembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 521 qui propose l’intervention d’une nouvelle force multinationale. Celle-ci est demandée le même jour par le gouvernement libanais. La FINUL propose d’intervenir mais cette solution ne plait ni aux Israéliens ni surtout au gouvernement libanais, sceptique sur l’efficacité des Casques bleus. Sous l’impulsion des Etats-Unis, toujours soucieux d’accroître leur influence dans la région, les trois alliés de la FMI et le Liban s’accordent par échanges de lettres sur le retour de leurs contingents. Il est bien proposé à d’autres pays de participer à la force mais seuls les Britanniques y répondront en envoyant une unité de renseignement d’une centaine d’hommes en février 1983. Le 24 septembre, la Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth (FMSB) est créée et commence à se mettre en place dans Beyrouth Ouest. Sa mission principale, sans limite de temps, est d’appuyer les forces armées du gouvernement libanais dans la protection des populations civiles dans Beyrouth et ses alentours. Le caractère très large de cette mission laisse cependant place à autant d’interprétations que de membres. Si tout le monde est d’accord pour aider matériellement les forces armées libanaises (FAL), les avis divergent sur l’emploi des forces.

Pour l’administration Reagan, soucieuse d’éviter la qualification de guerre ou d’opération de guerre qui nécessiterait un vote du Congrès, la FMSB a une fonction essentiellement dissuasive. Les 1 200 Marines s’installent autour de l’aéroport au sud de Beyrouth ouest, avec des moyens lourds, chars de bataille, pièces d’artillerie, hélicoptères d’attaque, etc. mais avec de grandes restrictions dans l’ouverture du feu et la consigne de ne pas bouger de ses emprises. Les 1 200 Italiens sont au centre du dispositif et se concentrent sur la surveillance des camps palestiniens de Chatila et Bourj-el-Brajneh et l’aide humanitaire.

Au Nord, les 1 160 Français l’opération Diodon sont renforcés au bout de quelques jours par un bataillon « prêtée » par la FINUL et un autre venu de métropole en février 1983, pour atteindre un effectif total de 2 000 hommes, relevés tous les quatre mois. Répartis sur 35 postes et reprenant des habitudes héritées des opérations en Afrique, ce sont les seuls à aller sciemment au contact de la population que ce soit par une présence « militaire » (points de contrôle, patrouilles, missions de dépollution) ou plus informelle (achats auprès des commerçants locaux, footings, aides à la population, etc.). Cette approche permet de montrer la force à la population et, surtout, par les renseignements et la sympathie qu’elle procure, elle apporte une « protection invisible » souvent plus efficace que les murs de sacs à terre.

Les Français, comme les Italiens, peuvent faire usage de leurs armes pour leur autodéfense et protéger les camps palestiniens (le camp de Sabra est dans la zone française) mais, contrairement aux Américains, aussi pour appuyer les FAL. Dans les faits, les règles seront très restrictives. Le « soldat de la paix », concept nouveau, n’est pas là pour combattre.

Cette force à terre en appui des FAL, est elle-même appuyée par une puissante force navale croisant au large de Beyrouth. Pour la France, la force Olifant comprend un groupe aéronaval permanent, centré autour d’un des deux porte-avions Foch et Clemenceau qui se succèdent et d’une force amphibie comprenant en général deux transports de chalands de débarquement (TCD). Au total, la force multinationale, à terre et en mer, mobilise aux alentours de 20 000 hommes. Elle souffre cependant de trois faiblesses : les divergences déjà évoquées et qui ne seront pas corrigées par une direction commune, l’absence d’accord sur sa présence avec les acteurs politico-militaires locaux et régionaux et surtout l’absence de volonté réelle d’engagement au combat pour soutenir le gouvernement libanais.

Le début de la mission est pourtant encourageant. Le 1er octobre 1982, par une cérémonie organisée place du Musée, lieu symbolique de combats entre les deux Beyrouth, le Président Amine Gemayel, frère ainé de Béchir, élu le 21 septembre, consacre la réunification de la capitale. Equipée et entrainée par les Alliés, l’armée libanaise prend une certaine consistance et se déploie à nouveau dans l’ensemble de la ville. Une prise d’armes réunit les contingents de la FMSB et des FAL. C’est le point culminant de l’action de la FMSB alors que des phénomènes souterrains sont à l’œuvre.

Le retour de la Syrie et l’arrivée de l’Iran

En même temps qu’elle participe à la FMSB, la France a un contentieux financier avec Téhéran (elle refuse de rembourser le prêt d’un milliard de dollars accordé par le Shah) et, comme les Etats-Unis, elle aide militairement l’Irak dans sa guerre contre l’Iran des Mollahs. Début octobre 1983, elle fournit même cinq avions Super-Etendard (livrés par le porte-avions Clemenceau) aux Irakiens. On ne perçoit pas alors que l’Iran est capable de frapper par procuration au Liban grâce à son influence sur la milice chiite Amal et surtout grâce au Hezbollah, création commune avec la Syrie.Cette cécité stratégique se double d’une cécité tactique. Si le suicide est prohibé dans les actes et paroles du Prophète, il imprègne, sous la forme du sacrifice et de martyr (shahid), tout l’islam chiite depuis la mort de Hussein ibn Ali, « roi des martyrs », à Kerbala en 680. Le premier emploi systématique de combattants suicides est le fait de Chiites ismaéliens connus sous le nom d’ « assassins » qui firent régner la terreur dans le califat de Bagdad et la Palestine du XIe au XIIIe siècle. Les combattants suicide sont remis au goût du jour lors de sa guerre entre l’Iran et l’Irak à partir de 1980. Le premier attentat suicide moderne avec emploi d’explosif est le fait de membres d’Amal, le 15 décembre 1981, contre l’ambassade irakienne à Beyrouth puis le quartier-général israélien à Tyr en novembre 1982. Le 18 avril 1983, un pick-up chargé d’explosifs s’écrase contre l’ambassade américaine. Le bilan est terrible : 63 personnes sont  tuées, dont 17 américains. L’enquête qui a suivi n’a pas permis pas de déterminer avec certitude le commanditaire de l’attaque, mais les soupçons se portent sur Imad Moughniyah, un important membre du Hezbollah.

La situation évolue rapidement à partir de l’été 1983. La milice d’Amal, alliée de la Syrie, tente de pénétrer dans les quartiers de Beyrouth-Ouest mais elle est refoulée par les FAL. La FMSB n’a pas bougé malgré sa mission d’appui aux FAL. Cela ne l’empêche pas d’être frappée notamment le 31 août lorsque le bombardement de l’ambassade de France tue quatre soldats et un policier français. Le 4 septembre, l’armée israélienne évacue soudainement les montagnes du Chouf, au sud-est de Beyrouth. Le vide est occupé par les Druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) alliés de la Syrie et qui se trouvent désormais à portée d’artillerie de la capitale libanaise. Les combats avec les FAL sont très violents dans le secteur de Souq El-Gharb à quelques kilomètres au sud de la capitale. Le 11 septembre, pour appuyer l’armée libanaise en posture délicate et protéger ses forces de la menace d’artillerie, le département d’État américain autorise ses troupes à riposter et à faire appel à l’appui naval et aérien. C’est chose faite les 19 et 20 septembre. Le 22 septembre, c’est au tour des Français de faire appel aux forces navales pour lancer un raid de huit Super-Etendards pour anéantir une batterie druze au-dessus de Beyrouth à Dour El-Cheir.

La FMSB est ainsi entrée malgré elle dans la guerre, en sortant par ailleurs du cadre prévu initialement pour l’emploi des forces. Les frappes de l’US Navy, qui se renouvelleront une fois en décembre et trois fois en février 1984, dépassent le cadre géographique du Grand Beyrouth et le raid français, survenant cinq jours après un bombardement qui a tué deux soldats à la résidence des Pins, n’est plus de la légitime défense. La FMSB continue pourtant à conserver l’illusion de la neutralité en n’engageant pas les forces terrestres. Tous les partis opposés au gouvernement libanais et son armée, considèrent désormais la FMSB comme hostile. Au bilan, alors que la France ne déplore qu’un mort, seize seront tués du 22 juin au 23 octobre. Les pertes françaises sont le double de celles des Américains alors que les Italiens ont un soldat tué.

Pour réduire la vulnérabilité des forces françaises celles-ci sont regroupées. C’est ainsi que lorsque la 3e compagnie du 6e Régiment d’infanterie parachutiste (RIP), formée d’appelés volontaires du 1er Régiment de chasseurs-parachutistes (RCP),  débarque le 27 septembre, elle est affectée toute entière dans un immeuble de huit étages face à la plaine des Jhah et du quartier Chatila, à quelques centaines de mètres de l’Ambassade d’Iran. Le bâtiment, baptisé Drakkar par le commandant de la compagnie, le capitaine Jacky Thomas, a été occupé par les Syriens l’année précédente et dépollué par les sapeurs du 17e RGP. A la mi-octobre, la situation se tend encore. A ce moment-là, Téhéran a déjà ordonné aux Gardiens de la Révolution présents au Liban d’attaquer les Français et les Américains à Beyrouth. Imad Moughniyah, chef de l’Organisation du Jihad islamique, est chargé de l’exécution de la mission. 

L’attaque de Drakkar

Le 22 octobre au soir, le capitaine Thomas a mis en alerte ses sections. La nuit est pourtant calme jusqu’à 6h17 lorsque la sentinelle en observation sur le toit de Drakkar voit exploser le quartier général des forces américaines. Sept minutes plus tard, un camion chargé d’explosifs (la charge de plusieurs missiles de croisière) force l’entrée du poste jusqu’à la rampe d’accès de l’immeuble. A 6h30, Drakkar n’existe plus. Les Américains ont perdu 241 hommes (plus que pendant la première ou la deuxième guerre contre l’Irak) et les Français 58 dont 55 du 1er RCP et 3 du 9e RCP. Quinze autres sont blessés. Seuls vingt-six hommes de la compagnie sont indemnes car occupant un poste à l’extérieur à ce moment-là ou, pour trois d’entre eux, en allant chercher des croissants. Américains et Français n’ont plus subi autant de pertes en une seule journée depuis les guerres du Vietnam et d’Algérie.

L’implication de la Syrie et de l’Iran parait évidente mais aucune preuve formelle ne sera avancée. La France, malgré la demande de plusieurs députés, ne constituera jamais de commission d’enquête laissant le champ libre à plusieurs théories alternatives dont celle de l’immeuble piégé par les Syriens avant de l’abandonner.

Pendant quatre jours et quatre nuits, les sauveteurs s’acharnent pour tenter d’extraire ce qui reste de vie de cet amas de pierres. Le président François Mitterrand se rend sur place le 24 octobre pour apporter son soutien au contingent français. Le trouble est immense. Le ministre de la défense déclare que la France n’a pas d’ennemi au Liban, ce qui fait dire au général Cann que ses hommes « ont été tués par personne ». Le 4 novembre, c’est au tour de l’armée israélienne de perdre 50 hommes dans une autre attaque suicide.

En représailles, « non pas pour se venger mais pour que cela ne se reproduise pas », le Président Mitterand fait déclencher l’opération Brochet le 17 novembre 1983. Huit Super-Etendard de la Marine nationale décollent du porte-avions Clemenceau et effectuent un raid sur la caserne Cheikh Abdallah, une position des Gardiens de la Révolution islamique et du Hezbollah dans la plaine de la Bekaa. Les avions français larguent 34 bombes de 250 kg et 400 kg sur une position opportunément évacuée quelques minutes plus tôt. La rumeur prétend que les occupants ont été avertis par une source française au Quai d’Orsay. Ce sera de toute façon la seule véritable réaction française. Ce sont les Américains et les Israéliens qui tueront, bien plus tard, Imad Moughniyah.

Le 20 décembre, la marine française évacue 4 000 combattants palestiniens de Tripoli. Le lendemain, une nouvelle attaque à la voiture piégée a lieu contre le PC du 3e RPIMa. La voiture est arrêtée par les merlons de terre mais les 1 200 kilos d’explosif tuent un parachutiste et treize civils. On compte également plus de 100 blessés dont 24 Français.

Une fin sans gloire

Dès lors, la priorité n’est plus à la protection des populations ou à la restauration de l’Etat libanais mais à l’autoprotection, ce qui finit de couper la force de la population. Du 15 décembre 1983 au 15 janvier 1984, les postes français sont regroupés sur deux pôles, au centre de Beyrouth et sur la ligne verte, tandis qu’une batterie de cinq canons automoteurs de 155 mm AMX-13 est amenée de France. En février 1984 à l’occasion de la relève de la 11e division parachutiste par les marsouins de la 9e Division d’infanterie de marine (DIMa), le bataillon emprunté à la FINUL lui est rendu et le contingent à Beyrouth passe de 2 000 à 1 200 hommes regroupés sur une dizaine d’emprises.

Le début du mois de février est l’occasion de nouveaux combats dans la capitale. L’armée libanaise se désagrège dans la montagne face aux Druzes de Walid Joumblatt et dans Beyrouth face aux chiites d’Amal. La force multinationale impuissante soutenant une armée fragile au service d’un Etat faible n’a plus de raison de perdurer sinon pour prendre des coups qu’elle ne pourra rendre malgré ses cuirassés, porte-avions et ses hélicoptères d’attaque. La France propose pourtant de remplacer la FMSB par une force des Nations-Unies, qui, d’évidence, aurait été encore plus impuissante. Les Alliés évacuent Beyrouth en ordre dispersé, Britanniques en tête le 8 février, suivis par les Italiens le 20 et les Américains le 26, arguant simplement d’un « bond de trois à quatre kilomètres à l’Ouest » sur les bâtiments de la Navy. Le 29 février, le veto soviétique met définitivement fin au projet français de force des Nations-Unies. Isolée, la France n’a plus d’autres choix que de se replier également car, selon les mots du Président de la République, « elles ont rempli leur mission ». Du 22 au 31 mars, les Français évacuent Beyrouth (opération Carrelet). La mission de la FMSB prend fin officiellement le 31 mars 1984 après dix-huit mois d’existence.

La fin peu glorieuse de la FMSB a un retentissement immense dans le monde arabe. Preuve était faite que l’action résolue de quelques hommes pouvait faire plier des Occidentaux corrompus et rétifs aux pertes humaines. Elle laisse un goût amer et une immense frustration chez tous les soldats français qui y ont participé. La FMSB s’est retrouvée au cœur d’un nœud d’affrontements locaux, régionaux et internationaux sans avoir la possibilité de combattre. Or, ne pas vouloir d’ennemi n’empêche pas d’en avoir. La leçon ne portera pas car les troupes seront engagées dix ans plus tard dans les mêmes conditions en ex-Yougoslavie et avec les mêmes résultats.

44 réflexions sur “Déroute à Beyrouth

    1. Teasin~ dit :

      Ah Pithiviers… vous montrez un miracle divin.
      .
      Lorsqu’un de mes voisins fait des travaux fait des travaux de gros oeuvre, ca emmerde tout le quartier, et on n’est pas touche à touche. Lorsque c’est fini, tous, on sabre le champagne.
      Mais là …
      Ils ont fait 5 niveaux de tunnels souterrains bétonnés.
      Et la pauvre population victime n’a rien vu et rien entendu.
      Nous avons quand même des médias performants.

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      1. lamoucheducochelavraie dit :

        On nous montre ce qu’on veut bien nous montrer mais les villes souterraines ou tunnels pour se protéger sont vieux comme le monde : voir les cités souterraines des grecs chrétiens et juifs en Cappadoce qui dateraient du Veme siècle après JC. Ce ne sont pas nécessairement des travaux de gros oeuvre comme semble les pratiquer votre voisin. Il y a même des prisonniers qui arrivent à creuser ces tunnels à la barbe de leurs gardiens 🤔. Certains de ces tunnels a Gaza sont certainement beaucoup plus rustiques que ceux qu’on nous montre.
        Je pense sincèrement qu’il convient de rester mesurés et de ne pas assimiler les palestiniens avec le Hamas.

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    2. captainluck dit :

      L’autre façon de lutter contre la menace enterrée profond, c’est de noyer les boyaux.
      Il faut pour cela des tuyaux d’adduction d’eau (Israël en a des tonnes), des raccords étanches Victaulic, des pompes d’exhaure hollandaises à grand débit aspirant la mer pour la refouler dans le « métro ». Pas besoin de niveler la ville comme à Marioupol, il suffit de détecter les puits d’accès !

      Je dis ça… mais d’autres préfèrent nourrir la presse internationale qui depuis ce matin fait des reportages photographiques des faubourgs de Gaza City du style « avant-après ».
      Exemple TF1 : *https://www.tf1info.fr/international/video-photos-en-images-guerre-israel-hamas-avant-apres-les-images-satellites-qui-montrent-l-ampleur-des-destructions-a-gaza-2274347.html
      Ca va être efficace pour faire monter la pression du monde entier sur Tsahal. Le grand pogrom du 7 octobre va passer au second plan.

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      1. lamoucheducochelavraie dit :

        Les noyer ou envoyer des gaz pas très respirables. Mais les otages sont dans ces tunnels donc procéder ainsi, c’est clairement renoncer à les récupérer.
        Ce serait certes moralement plus acceptable et plus conforme au droit international car visant explicitement les combatants du Hamas plutôt que bombarder aveuglement.
        Après cela rendra peut-être les tunnels impraticables mais les hommes à l’intérieur pourront remonter à la surface, et donc retour a la case départ.
        Cette intervention armée est sans issue

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      2. lademilune dit :

        @captainluck et lamouche
        Oui, on peut aussi envoyer du fioul et y mettre le feu.
        Déjà éprouvé efficacement contre des guérillas refugiées dans les égoûts, c’est dire.

        Si Tsahal a encore la moindre prétention a être l’armée la plus morale du monde, elle s’abstiendra d’utiliser ce genre de moyens un peu trop connotés.

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        1. lamoucheducochelavraie dit :

          Si vous le dites, je veux bien vous croire mais je n’avais pas en tête que Tsahal postulait au concours international de l’armée la plus morale.
          Sur le fond, mon propos était de dire que eau, air ou feu, cela ne changera pas grand chose et que cette intervention armée des israéliens ne réglera rien.
          Israël a le droit, voire le devoir, de se défendre mais il y a des façons plus intelligentes que d’autres.

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  1. captainluck dit :

    Que l’on envoie le Tonnerre bien équipé en hospitalier est une bonne idée a priori, les gazaouis étant complètement abandonnés, et du Hamas surtout, qui lui va jouer sa survie et n’a que faire des ploucs du bouclier humain.
    Mais comment le soutien en produits et opérations chirurgicales pourra-t-il forcer le blocus ? La réponse dans deux jours.

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  2. Et Erdogan sans pudeur prend le contre pied de ses alliés pour se redorer la pilule dans les opinions publiques du moyen orient et bien sûr en Turquie…  » le Hamas se so’t des combattants qui defendent leur territoire »

    Après l’horreur terroriste de l’attaque l’emotion qui chasse la première, c’est celle ressentie pour les civils de Gaza. Erdogan en bon populiste le sent et en joue.

    Israël devrait se rendre compte que son hypothetique victoire militaire contre le Hamas ne vaut pas l’opprobre que sa gestion de la crise va lui coûter.

    Mais encore une fois ce sont les extremistes jusqu’au boutistes qui ont la barre ( des deux côtés)

    Selon moi, le Hamas remettrait volontier la mise si il en avait les moyens juste pour provoquer ce massacre de civils palestiniens qui lui rapporterait tant. Comment pretendre qu’il defend les palestiniens ?

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      1. Isaty dit :

        Lorsqu’on assassine des enfants et des civils sans armes, on reste un assassin quelle que soit la nationalité ou l’appartenance de celui qui tient l’arme, qui décide, qui vise et appuie sur la gâchette.
        Les faits sont là et parlent d’eux même : chaque religion en cause a dit et répété dans ses livres saints et respectés que la vie humaine était précieuse.
        Les placarderions-nous -que ce soit des sourates ou des versets l’exprimant-, je doute que ça intéresse ceux qui tirent.
        Nos choix nous déterminent, voilà tout ce qu’on peut ajouter. Mais rien ne fera revivre ceux qui sont morts.
        Alors peut-être faudrait-il arrêter de jouer sur les mots et revenir au bon sens :
        reconnaitre des assassins où qu’ils se trouvent.

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  3. captainluck dit :

    On pourra ce soir tirer le bilan de la visite de M. Macron au Proche Orient ; mais dès à présent, on mesure la distance entre l’intention et l’action quand il parle d’actionner des manettes sur lesquelles il n’a pas la main.
    Agiter le tapis !

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    1. lamoucheducochelavraie dit :

      Perso je suis en phase avec le triptyque proposé par le PR :
      1- créer une coalition internationale la plus large contre le terrorisme, source d’instabilité et d’insécurité pour tous,
      2- protéger les civils avec un principe fort qui est que toutes les vies se valent,
      3- oeuvrer à une solution politique de deux états, un palestinien mais aussi un Israelien reconnu par tous.

      Ces trois actions n’ont pas le même calendrier mais c’est bien, à mon sens, la seule solution viable, efficace à court et long terme. Et il est certain que ce n’est pas un pays tout seul qui va y arriver, mais, pour autant, il ne faut pas renoncer a proposer, écouter et federer pour y arriver.

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  4. BibiFricotin dit :

    On aurait quand même pu s’éviter un certain nombre de morts en ne refusant pas de rembourser le prêt d’un milliard de dollars accordé par le Shah d’Iran.

    Argent que l’on a fini par rendre aux Mollahs. Tout ca pour ca.

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    1. BibiFricotin dit :

      Et quant on voit le soutien accordé au régime de Saddam Hussein, finalement guère plus recommandable que le régime des Mollahs Iraniens, on peut comprendre que ces derniers aient eu une dent contre nous.

      Notons que si le monde entier c’est mobilisé pour défendre le Koweit contre l’agression Irakienne mais qu’il n’y a eu personne pour se mobiliser pour défendre l’Iran contre l’agression Irakienne.

      Quand on dit : deux poids, deux mesures…..

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  5. Bonjour, je suis très peu optimisme quand au role que pourait avoir une force de maintient de la paix sans role actif dans la guerre entre israel et gaza, certe sur le plan militaire sans doute pourait-il-faire de la contre baterie mais comment protéger la population des actions tel que meurtre et enlévement sans rechercher et arréter les auteurs? Ca parait très peu efficasse à première vue. Et si une guerre s’engage entre les différentes forces de la région ce sera encore plus compliquer, les accrochages entre les bases américaines et divers groupes armés sont déjà fréquents mais si en plus les armés régulières sans méle et que les usa reste passif ils se retrouveront rapidement dans une situation proche de l’afganistan, d’un autre coté s’ils prennent un role actif il risque de braquer contre eux un sacrée paquer de pays de la région avec un ensemble de conséquences militaires et économiques… Rien de simple dans ce conflit, plus vite il prendra fin mieux c’est, mais en attendant un sacrée casse-tête se présente devant nous, et pas sur que trancher d’un coup d’épée tel alexandre le noeud indéfaisable ne résolve quoi que se soit… Salutation, Ludovic Melin.

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  6. Si je ne me trompe pas, ce fut la dernière fois que des appelés français furent employés en zone de conflit, (sous casque bleu) et eutent a subir des assauts. N’ayant que des armes défensives, ce sont les armes des tireurs d’elites qui leurs permirent de tenir.

    Je ne sais pas si c’est avéré, mais c’est un temoignage direct, récupéré lors de mon service militaire…

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  7. Qui dira que la politique étrangère de François Mitterand fut une catastrophe du début à la fin? Liban, Yougoslavie, Rwanda, une longue suite de honteuses humiliations où l’armée fut ridiculisée au delà du possible et aussi insultée et déshonorée.
    Le comble du comble, ainsi, les expertises d’un Guillaume Ancel sur l’Ukraine, et il ne trouva pas de militaire pour lui infliger la fessée que ses insultes ignobles contre l’armée méritaient.

    Le pire, évidemment fut l’Europe avec la trahison infecte qui supprima le Franc et livra la France aux honteux traités européens, digne des plus grands abaissements de l’histoire. On ne put rien faire, que « voter contre » et cela ne servit à rien…

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    1. Ares en papier carton dit :

      Quel est le rapport entre le Franc et l’intervention au Liban ? Et en quoi le franc a disparu. j’avais plutôt compris qu’un certain nombre de monnaie avaient fusionnées ? (et puis les français feraient mieux d’oublier le Franc qui ne valait « que » 6.56 euro… )

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  8. lamoucheducochelavraie dit :

    Bonjour M. GOYA et merci pour ce nouvel article. Comme vous n’avez pas pour habitude de parler, ou plutôt écrire, pour ne rien dire, j’ai essayé de comprendre la cause profonde de ce post. À mon modeste niveau, je vois deux options :
    1- rappeler que la solution de forces d’interposition qui, soit disant, n’auraient pas d’ennemi est plutôt une très mauvaise idée, des fois que certains y penseraient ici ou là
    2- mettre l’accent sur la difficulté à contrer les attaques suicides et là je pense à ce que font les russes à Avdiivka.

    Mais je n’ai probablement pas tout compris

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  9. captainluck dit :

    Content de retrouver Michel Goya chez lui.
    Moralité : une guerre, tu la fais à fond ou tu ne la fais pas du tout. L’entre-deux ou l’en-même-temps sont toujours au dépens des forces engagées, pas des politiciens climatisés.
    Quelle leçon avons-nous tirée du Drakkar ?

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    1. Un des problèmes que soulève le concept de guerre, c’est : Si on ne veut pas la faire , mais qu’un autre, lui n’a aucun scrupule à la faire, aucun scrupule à tuer non seulement son adversaire mais sacrifier ses propres forces, ON FAIT QUOI?
      D’autant plus compliqué que les guerres n’étant plus à nos frontières depuis 1945 (ou 1962) on peut légitimement ne plus ressentir de « menace directe motivante »
      Et donc les alternatives sont limitées et très insatisfaisantes (a la fois moralement et en efficacité): laisser faire / laisser tels ou tels s’entretuer parce que zut c’est leur problème / embargos variés / aide plus ou moins directe…
      Ce que nous rappelle utilement notre colonel de marsouins, c’est que le concept cafouilleux de force d’interposition a montré (Liban, Yougoslavie) que c’était une des solutions les plus cafouilleuses.
      Moyennant quoi il f ait que nos dirigeants aient un sacré mix d’intelligence politique (internationale et nationale), de baraka, et de minimum d’esprit de décision pour arriver à des résultats acceptables… avec le recul.

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      1. captainluck dit :

        Je ne suis pas pacifiste et si le pays est attaqué, il ne doit pas se poser de questions et doit détruire la menace.
        Ce qui veut dire que la « police internationale » telle que l’a faite la France, surtout en Afrique, est la plus mauvaise posture. On le voit au Sahel où nous n’en finissons plus de finir, croyant toujours sauver le dernier bout de quelque chose.
        Bien différente est l’approche britannique. Ils ne se mêlent pas des oignons des autres mais quand ça dépasse les bornes comme en Sierra Leone en 2000, ils viennent et tirent d’abord avec le souci constant de ne pas s’engluer dans un conflit, leur mission est claire et limitée par les Communes pour un travail de soldats, pas de diplomates.
        cf. *https://en.wikipedia.org/wiki/British_military_intervention_in_the_Sierra_Leone_Civil_War#Operation_Palliser

        Qand Hollande va au Mali, il refuse les drones armées parce que ce n’est pas moral ; au final il a du renseignement inexploitable car les Freux ne campent pas pendant des nuits au même endroit et si on ne les engage pas à la minute où on les détecte c’est du travail sans suite positive. Il faut faire la guerre à fond ou pas du tout.

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        1. pefleretour dit :

          Et d’Hubert Bonisseur de la Bath.
          J’ignorais qu’il y avait des âges limites pour lire.
          Quoi qu’il en soit, les titres des articles du Colonel sont aussi marrant que ceux de certains SAS ou certains OSS117 (pour lesquels Josette Bruce était au moins aussi forte).

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          1. BibiFricotin dit :

            OSS117, un esprit totalement dévoyé dans la version modernisé avec Jean Dujardin.

            Ce dernier n’arrive pas à la cheville d’un Banco à Bangkok pour OSS 117 avec Robert Hossein et Kerwin Mathews et plus généralement de la série des OSS 117 de André Hunebelle,

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